L’intelligence émotionnelle, qu’elle soit individuelle, collective ou organisationnelle, joue un rôle majeur dans la réussite des sociétés modernes. Qu’il s’agisse d’améliorer la performance des entreprises, et la qualité de vie des salariés ou plus largement d’un point de vue sociétale et médicale d’assurer une aisance cognitive, il est indispensable de développer et entretenir toutes ces formes d’intelligence.
Michel Noir, Président du Conseil de Surveillance du Groupe SBT (Scientific Brain Training) est venu le jeudi 23 novembre présenter l’importance des récentes découvertes de la neuroscience cognitive, notamment dans la posture d’un dirigeant.
Après avoir évoqué son passé et sa transition vers les disciplines cognitives à la suite d’une thèse sur le développement des capacités cognitives des enfants à travers les jeux d’échec, Michel Noir a expliqué comment il a créé sa société SBT sur le domaine du transfert de l’expérience scientifique sur le développement cognitif au monde de l’entreprise avec deux objectifs principaux :
– Comment le cerveau comprend,
– Comment l’utiliser au mieux.
Il a développé trois remarques préliminaires.
1. Importance des progrès de la connaissance du cerveau et des mécanismes cognitifs.
Le cerveau c’est 84 milliards de neurones ayant chacun 10 mille de connexions aux autres neurones. C’est grâce à l’imagerie que nous avons pu mettre en lumière les connexions importantes entre les différentes zones du cerveau. Plasticité cérébrale : les réseaux ont une capacité extraordinaire de se reconstruire. Parfois certaines neurones sources viennent pour aider la reconstruction du cerveau, lors d’accident. Ces reconstructions cognitives se font par des exercices.
Plasticité cérébrale + neurotransmetteurs = créer de la motivation
Par exemple, la double tache diminue de 50% la capacité de décision et augmente de 3 à 4 fois le temps de réaction.
Il y a constamment une interaction entre le système émotionnel et le système rationnel.
2. Augmentation de manière importante de la transformation et de l’innovation.
C’est la caractéristique première désormais pour les entreprises.
3. Découverte de la cognition sociale.
Toute une série de localisations de neurones sont des gardiens de ce qui se passe dans les relations à l’autre. Elles sont dans une même localisation, mais seront activées si nous avons appris à les utiliser. Ce sont notamment les « neurones miroir ». Même si nous ne prenons pas la parole, les neurones miroirs fonctionnent déjà et nous permettent de traiter des informations de posture, de non-dit.
Nous arrivons mieux à comprendre et à utiliser les parcours d’apprentissage. Selon lui, nous sommes des machines à jouer et l’apprentissage doit être ludique.
Didactique du transfert : apprendre quelque chose dans un contexte qui nous permet de reproduire l’exercice dans un autre contexte.
Métacognition : mécanique de transfert d’une information dans une autre situation.
Après ces remarques préliminaires, Michel Noir s’est appliqué à montrer l’implication des sciences cognitives dans la transition et la posture de management des dirigeants
Les 3 fonctions essentielles du dirigeant :
- Décider : la mémoire travail. Laissons-nous nous guider par notre intuition notre système rapide, automatique ?
Ou sommes-nous capables de nous poser une ou deux questions de plus en face d’un problème pour permettre une vue d’ensemble du problème, approfondir la réflexion et trouver la meilleure solution ? Attention, faire en sorte de ne pas être en double tâche en réunion, sinon, nous ne capterons pas les signaux faibles de personnes permettant une approche différente, parfois très utile. Combien de fois, nous commençons la réunion sans regarder les conclusions de la réunion précédente. Rigueur du suivi ! Attention aux biais décisionnels : plus je vais vite, moins je suis attentif. Il vaut mieux s’ajouter une question et prendre une seconde de plus avant de prendre une décision. Le dirigeant doit avoir un strabisme : il voit les tableaux de bord actuel tout en voyant l’évolution à 3-5 ans, notamment dans les secteurs évolutifs.
Il est nécessaire d’acculturer les équipes pour leur donner l’habitude de fonctionner de la même manière. C’est une certaine agilité du cerveau. - S’adapter : Besoin de variété et de curiosité, au fur et à mesure que nous avançons, nous avons tendance à restreindre notre champ de variété et de curiosité. « Routine kills skillness ». Le cerveau a besoin de variété et besoin d’être étonné.
Selon l’article 2 du code de l’école de la cavalerie de Saumur : « La meilleure façon de rester en équilibre sur un corps en mouvement et d’être soi-même en mouvement » ! Le leader doit être là pour générer de la nouveauté, de la curiosité, d’autre points de vue. Le cerveau est une machine à apprendre et adore apprendre. Il y a eu des travaux, des recherches et on s’est aperçu que quand le cerveau était en fonction d’apprentissage, des zones bien spécifiques s’activaient Ensuite, quand tout est bien maitrisé, l’information est stockée dans une zone particulière (fonction de mémorisation long terme) du cerveau afin de libérer de la capacité dans la mémoire vive. - Être un leader : Les travaux qui ont été faits expliquent que selon notre mode de leadership, différentes zones du cerveau se mettent à fonctionner. Différence entre le « I leader » et le « WE leader ». Etudier les conséquences des deux différents modes de leadership.
Aspect estime de soi, agréabilité sociale, …. Si vous prenez une matrice dans une situation de changement, il sera plus facile de motiver les équipes dans le WE que dans le I (plus de résistance au changement, idéal comme machine à stress et à burnout). En revanche, en cas de crise aiguë, il est nécessaire que la matrice soit en management I, avec une seule voix de décision.
Dans le management WE leader, il y a activation de 2 fois plus de réseaux neuronaux, et notamment ceux qui fabriquent la dopamine et qui génèrent la confiance, a qualité relationnelle et l’estime de soi, a contrario du management I leader, qui active plutôt en mode de stress / soumission et bloque ainsi les capacités de réflexion des équipes.
Michel Noir a conclu son intervention sur les aspects de l’intelligence émotionnelle : je suis intéressé par les autres et à ce que je peux apprendre des autres. L’intelligence émotionnelle va me permettre de mieux me connaitre, d’être au clair sur la manière dont je fonctionne. Nous sommes beaucoup plus supportables pour notre entourage. C’est un sujet qui ne concerne pas la RH, mais tous les niveaux de management. Plus on acculture nos différents niveaux de management, plus on augmente nos chances de réussite.