La création d’entreprise devient une alternative de plus en plus fréquente dans la réflexion des candidats du cabinet. Chez AVENIR DIRIGEANT nous avons inscrit cette démarche spécifique dans nos méthodes et avons demandé à Denis BOUTTE, co-fondateur du cabinet et lui-même créateur de plusieurs entreprises de nous expliquer le cheminement.
Denis Boutte :
J’ai envie de souligner en préambule, que le CDI ne se pose plus, aujourd’hui comme la seule option incontournable pour travailler. De plus en plus de cadres aguerris et expérimentés, en réflexion sur le devenir de leur deuxième partie de carrière, se tournent vers la création d’entreprise pour des raisons d’ordre personnel, par envie de sortir de structures trop lourdes et aller vers plus d’autonomie. Pour beaucoup, un CDI n’est plus la seule voie, car elle n’est ni la plus facile, ni la plus sécure.
- Est-ce que tout le monde est « taillé » pour l’aventure entrepreneuriale ?
Cela doit être un choix résolu et volontaire et non pas une décision en réaction ou par défaut. Certains peuvent penser « je créerai ma boîte lorsque j’aurai une brillante idée ». Ça n’est pas comme ça que cela marche. La posture du créateur d’entreprise est de se sentir capable de prendre son destin en main, d’aborder une relative incertitude économique et d’agir dans un environnement où il faudra être très polyvalent.
Enfin, une des fonctions majeures de l’entrepreneur est d’être capable de vendre ses produits ou ses services. Quels que soient l’expertise, la compétence et le brio de l’offre proposée, il ne faut pas oublier qu’un produit ou un service ne se vend jamais tout seul.
- Comment passe-t-on de l’idée à la validation d’un projet ?
Pour la 1ère étape, le cabinet dispose d’un outil précieux : un questionnaire de 35 pages, où l’on passe en revue l’ensemble des critères de motivation et de structuration de la pensée d’un projet entrepreneurial.
Cela permet à nos clients qui portent un projet de création de : vérifier que tous les éléments et les conditions soient réunis, valider l’adéquation de l’idée avec les valeurs personnelles (caractère, aptitudes, environnement familial, …), et mesurer que le projet cadre aussi avec leurs ressources financières (fonds propres ou financements externes).
La 2ème étape s’apparente à une démarche beaucoup plus marketing. Le rôle du cabinet est de faire un « Ping Pong » avec le client sur l’idée elle-même. On se positionne alors comme un Sparring Partner qui va évaluer la pertinence et l’intérêt de l’idée de la future entreprise par rapport au marché. Après le « Waouh, c’est une superbe idée », les premières questions auxquelles je les confronte sont : En quoi est-ce une proposition vraiment nouvelle ? À quel besoin cela peut correspondre qui n’existerait pas sur le marché actuel ? C’est en cela que la démarche est très marketing, car avant même de se dire c’est intelligent, la question est de savoir à quel marché potentiel cela correspond. Ensuite nous regardons la nature de la proposition elle-même et enfin nous intéressons à sa pérennité (comment va-t-elle évoluer et se développer ?). C’est ce type de réflexion que nous allons pousser avec le client et c’est l’une des spécificités du cabinet. Nous ne sommes plus là dans une expertise purement RH, mais aussi dans une compétence de « marketeur », culture dont je suis issu.
À partir de là, nous entrons dans la 3ème étape de la méthode. Nous accompagnons le client jusqu’à ce qu’il soit capable de présenter son projet à des tiers.
- Quelles techniques utilisez-vous pour cela ?
Le cabinet constitue d’abord un « Grand Jury » qui regroupe des consultants du cabinet et des clients sélectionnés en fonction de leur appétence par rapport au projet. Le candidat expose son projet en 5/10 minutes maximum. Il est bombardé de questions avec beaucoup de bienveillance, sur le pourquoi de l’idée, la pertinence de sa vision par rapport au marché, de façon à être confronté à des regards diversifiés et aiguisés, et muscler son argumentation et sa présentation.
L’idée est de faire une sorte de « crash test » de son projet afin qu’il ait anticipé toutes les réponses et le préparer pour le « Pitch » qu’il sera amené à faire vis-à-vis d’investisseurs, de partenaires ou de clients.
Nous rejoignons ensuite les techniques plus classiques de l’outplacement, avec l’indispensable pitch de trois minutes où notre client devra faire la différence et être en mesure de présenter :
1/L’intelligence de l’idée,
2/Le pourquoi j’ai cette idée,
3/Le comment cela fonctionne,
4/Le comment ça fait de l’argent,
comme s’il s’adressait à des investisseurs potentiels.
On utilise en fait les mêmes techniques que celles des incubateurs lors d’un jury de projets où il y a 30 candidats qui pitchent en trois minutes chacun. Au bout de trois minutes, on coupe le micro et seulement 10 projets seront retenus.
- Quelles sont les différentes étapes pour la phase concrète ?
Une fois le projet bien construit, on mène en parallèle trois actions.
- La première : la préparation de son business plan. Le BP reste de la responsabilité du créateur, cependant le rôle du cabinet est de le challenger sur la pertinence, de vérifier que le business plan est bien articulé, bien argumenté, que les chiffres soient réalistes et que rien n’a été oublié. La grosse incertitude du BP est dans la montée en puissance du business. Nous faisons des hypothèses hautes et basses qui soient plausibles et cohérentes. In fine, nous leur recommandons toujours de challenger leurs hypothèses avec des experts financiers.
- La deuxième : le choix de la structure juridique. Le cabinet dispose de tout un écosystème de partenaires que l’on sait mettre à la disposition de nos clients le moment venu. En amont, pour réfléchir au choix de la bonne structure, nous avons plusieurs avocats et conseillers financiers. Une fois la structure choisie, il faudra également réfléchir à la protection sociale, à la couverture santé prévoyance, au complément de retraite du dirigeant et aux assurances spéciales pour dirigeant mandataire social afin de suppléer à la perte des droits Pole Emploi. Enfin les clients qui le souhaitent peuvent faire appel à des experts-comptables de notre réseau, habitués à accompagner les entreprises en création.
- La troisième : l’élaboration d’outils de communication, une plaquette de présentation, un site Web. Auparavant, on l’aura également aidé à réfléchir sur le nom de sa nouvelle activité. Un nom qui soit pertinent par rapport à son projet et porteur de sens.
- Et pour le lancement de l’activité ?
Nous aidons nos clients à concevoir et piloter leur plan de prospection commerciale. Nous les aidons exactement de la même manière que pour la recherche d’un job, avec une démarche de réseau et des cibles potentielles, un premier tableau de bord avec les contacts les plus importants et les plus facilement actionnables pour démarrer les premières prospections
En conclusion
L’accompagnement à la création d’entreprise nécessite une méthode très spécifique où chacune des étapes d’un accompagnement classique d’outplacement va être utilisée mais revisitée et orientée vers le projet. Notamment sur la validation en amont avec beaucoup de temps à passer sur des éléments de personnalité et la pertinence du projet. Un point de différenciation notable sur la fin de la mission : elle se déroule sur un temps plus long, nécessaire pour accompagner la montée en puissance de la nouvelle activité.