Quelle est votre vision du Leadership ?
Ma conviction est qu’aujourd’hui pour qu’une entreprise soit durablement profitable et rentable, il faut qu’elle place l’humain au centre de ses préoccupations et de sa stratégie.
La personne qui a la responsabilité de guider et mener une équipe – de mon point de vue le leader – a pour mission de libérer le leadership de ses équipiers, c’est-à-dire leur capacité d’entreprendre, de redonner à chacun le goût de l’entreprise et de leur offrir une plus grande autonomie au profit de l’organisation.
Le rôle du leader est de soutenir et de faire grandir ses équipes en se mettant à leur service grâce à un leadership participatif.
Le manager tout puissant type « superman » n’a plus de raison d’être. Le leader doit s’entourer d’équipiers plus compétents que lui et devenir le garant de la mission, de la vision et des valeurs de l’entreprise. Il est le gardien du sens. Bien évidemment parfois l’urgence (comme la crise sanitaire) lui impose de prendre des décisions moins collaboratives mais cela doit toujours être au service du maintien de la mission, du sens et des valeurs de l’entreprise.
Le dirigeant d’aujourd’hui et de demain est un leader humaniste inspirant, il exprime et partage sa vulnérabilité (apprendre à connaître ses forces/faiblesses) et dépasser son égo. Il sait :
- Être confiant a priori : ne plus être dans le contrôle systématique et appliquer la règle « C’est celui qui fait qui sait ». 97% des gens sont bons mais dans les entreprises classiques on fait des règles pour les 3% de gens nuisibles ! Il n’y a aucune raison de croire que l’être humain dans sa grande majorité devienne malfaisant en franchissant les portes de l’entreprise,
- Être bienveillant : être attentionné envers ses équipiers, veiller à leur bien-être, à leur développement et préserver le Bien Commun et l’intérêt général,
- Être authentique : exprimer qui il est vraiment avec ses forces et ses fragilités
Ce modèle de leadership permet aux équipiers de se sentir appréciés pour ce qu’ils sont et reconnus dans ce qu’ils font. Il offre le droit à l’erreur qui se transforme en droit d’apprentissage. Il permet d’apprendre plus vite et de devenir plus autonome et par conséquent plus responsable. Les générations Y et Z sont à la recherche de sens, de responsabilité et d’autonomie. Ils ne sont plus comme leurs aînés (baby-boomers et génération X) sur le modèle de déférence et d’obéissance. Le leadership exclusivement autoritaire et solitaire ne fonctionne plus avec les nouvelles générations.
L’enjeu le plus compliqué pour les dirigeants et managers actuels est d’apprendre à ne plus être dans l’expression du pouvoir, à ne plus être celui qui décide de tout, tout le temps. Le leader guide un projet et anime un collectif où chacun prend sa part dans la réflexion et la décision, dans le but de réaliser un objectif commun.
Quel serait votre conseil pour bien recruter ses coéquipiers ?
Dans un processus de recrutement comme dans tout projet il est important d’avoir un regard croisé et d’oser évaluer le candidat tant sur le plan émotionnel que celui des compétences.
Comment avez-vous réussi à convaincre vos actionnaires de mettre en place un mode participatif ?
Je n’ai pas évoqué notre méthode de travail au préalable à notre Conseil d’Administration mais celui-ci, représentant de nos actionnaires, avait confiance en nous et nous a laissé toute latitude pour agir au mieux des intérêts de NGroup. Au vu des chiffres, au fil des ans, ils ont pu se rendre compte que la formidable profitabilité de NGroup était liée à la mise en place de ce modèle basé sur la confiance et sur la pyramide hiérarchique inversée.